mercredi 28 décembre 2011

Le G20, illégitime et historique

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samedi 13 décembre 2008, par Marc Delepouve

Le G20 [1] ne possède aucune légitimité pour décider au nom de l’ensemble de l’humanité. Seule une ONU refondée pourrait avoir une telle prétention. Ecarter l’ensemble du continent africain, hormis l’Afrique du Sud, de choix qui engageront l’avenir de tous ne gêne nullement les Nicolas Sarkozy, Georges Bush, Silvio Berlusconi et autres grands démocrates de ce début de 21e siècle.

Ceci ne peut cacher le tournant historique qui a forcé le G8, composé exclusivement de pays de l’hémisphère Nord, dominateurs des XIXe et XXe siècle, à s’élargir à des pays du Sud ayant le plus souvent subi la colonisation, sinon la domination des premiers. Si en 1945 la fin de l’invasion de la Chine par le Japon ouvrait le processus mondial de décolonisation, en 2008 la naissance du G20, qui regroupe des pays où résident les deux tiers de l’humanité, marque l’entrée pleine et entière de puissances du Sud parmi celles qui président aux destinées du monde.

Tournant qui consiste notamment en un rééquilibrage économique et financier en faveur de pays émergents, ou ré-émergents. Ce qui, combiné à d’autres transformations ou bouleversements, n’est pas étranger à la crise financière - devenue crise économique et sociale : refusant de prendre en compte leur affaiblissement économique, les Etats-Unis ont laissé s’aggraver les déséquilibres macroéconomiques et l’endettement, jusqu’à la dérive des subprimes (Confer par exemple la vidéo « Crise financière et capitalisme néolibéral » de Gérard Duménil).

Tournant dont il s’agit de comprendre la nature et mesurer la portée afin de penser la sortie de crise, qu’elle soit financière, sociale ou environnementale.

Tournant enfin où, à peine échappés de leur situation de dominés, les pays nouvellement élus ne s’encombrent pas du tiers de l’humanité qui n’a toujours pas droit au chapitre, soit plus de deux milliards de personnes. Le processus de décolonisation n’est pas achevé, loin s’en faut.

Se pose pour conclure la légitimité de chacun des 20 à représenter les citoyens de son propre pays. Cela nous renvoie, au-delà de la question de la démocratie formelle, à la qualité effective de la démocratie.

Notes

[1] Le G20 est composé des membres du G8 (Allemagne, Canada, Etats Unis d’Amérique, France, Italie, Japon, Royaume-Uni, Russie et l’Union Européenne en 9e membre de ce G8) et de l’Afrique du Sud, l’Arabie saoudite, l’Argentine, l’Australie, le Brésil, la Chine, la Corée du Sud, l’Inde, l’Indonésie, le Mexique et la Turquie.

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